Les troubles mentaux concernent des millions de personnes dans le monde, et pourtant, celles et ceux qui en souffrent continuent de faire face à des formes de discrimination multiples, sournoises ou manifestes. Dans le travail, les soins, la vie sociale, ou même dans leur propre famille, les personnes atteintes de troubles mentaux se heurtent à des murs d’incompréhension et de rejet. Agir contre ces discriminations n’est pas seulement une nécessité morale : c’est une condition essentielle pour construire une société inclusive, respectueuse de la dignité et des droits de chacun.
Que sont les troubles mentaux ?
Les troubles mentaux, aussi appelés troubles psychiques, regroupent un ensemble de maladies qui affectent la pensée, les émotions, le comportement ou les relations sociales. Parmi les plus fréquents, on retrouve :
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La dépression
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L’anxiété
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Les troubles bipolaires
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La schizophrénie
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Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC)
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Les troubles de la personnalité
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Les troubles post-traumatiques
Ce sont des pathologies complexes, aux causes multiples (biologiques, psychologiques, environnementales), et qui, avec un accompagnement adapté, peuvent être stabilisées, voire surmontées.
La discrimination : un fardeau supplémentaire
Au-delà de la maladie elle-même, c’est le regard porté par la société qui alourdit considérablement le quotidien des personnes concernées. Ces discriminations prennent différentes formes :
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Dans l’emploi : réticence à l’embauche, exclusion professionnelle, refus d’aménagements.
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Dans les soins : minimisation de la douleur physique, refus de soins adaptés, stigmatisation dans les hôpitaux.
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Dans la vie sociale : isolement, moqueries, suspicion, rejet des proches ou du voisinage.
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Dans les médias : représentations erronées, alarmistes ou ridiculisantes des troubles mentaux.
Ces discriminations sont parfois invisibles, mais elles ont des effets réels : découragement, perte d’estime de soi, précarisation, marginalisation.
Les conséquences de ces discriminations
Les discriminations liées aux troubles mentaux ne sont pas seulement injustes — elles sont dangereuses :
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Elles retardent la demande de soins, par peur d’être jugé.
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Elles aggravent l’état psychique des personnes, en augmentant le stress, la honte, l’isolement.
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Elles freinent le retour à la vie professionnelle ou sociale.
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Elles favorisent l’exclusion, la pauvreté et parfois, hélas, les comportements autodestructeurs.
Ce rejet contribue à enfermer les personnes dans une spirale de mal-être, alors qu’avec du soutien, elles pourraient s’épanouir.
Comprendre les mécanismes de la discrimination
La discrimination naît souvent de l’ignorance et de la peur. Beaucoup de gens ne savent pas ce que signifie vivre avec un trouble mental. Ils associent à tort ces troubles à des comportements dangereux, imprévisibles, voire violents — alors que dans la grande majorité des cas, ce sont des personnes sensibles, lucides et responsables.
La société reste trop marquée par des représentations anciennes et négatives, héritées de l’époque où les troubles mentaux étaient perçus comme de la folie incurable, ou même comme une « déviance » à cacher.
Agir à tous les niveaux
Lutter contre les discriminations implique une mobilisation collective, à tous les niveaux de la société :
Dans l’éducation
Il est fondamental d’informer les enfants et les jeunes dès le plus jeune âge :
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Sur la santé mentale et ses réalités.
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Sur l’importance de l’écoute, de l’empathie, de la bienveillance.
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Sur le fait que les troubles mentaux ne sont ni honteux, ni contagieux, ni synonymes de danger.
Dans le monde du travail
Les entreprises doivent :
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Créer des environnements inclusifs.
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Sensibiliser leurs salariés à la santé mentale.
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Offrir des possibilités d’aménagement pour les personnes en souffrance.
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Lutter contre les discriminations à l’embauche et favoriser la réinsertion.
Dans les institutions de santé
Il est nécessaire de former tous les professionnels (médecins, infirmiers, assistants sociaux…) à mieux accueillir les personnes atteintes de troubles mentaux, sans les réduire à leur diagnostic.
Dans les médias et la culture
Il faut promouvoir une image juste, humaine et complexe des personnes concernées :
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En valorisant leurs parcours.
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En donnant la parole à celles et ceux qui vivent avec un trouble mental.
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En luttant contre les représentations sensationnalistes ou caricaturales.
Le rôle fondamental des personnes concernées
Les personnes atteintes de troubles mentaux doivent être placées au centre du combat contre les discriminations. Ce sont elles qui, par leurs récits, leurs engagements, leurs talents, déconstruisent les préjugés. Leur parole est essentielle pour :
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Changer les regards.
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Montrer que l’on peut vivre, travailler, aimer, créer, tout en étant concerné par un trouble mental.
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Revendiquer leurs droits avec fierté et détermination.
Ce que chacun peut faire
Même à une échelle individuelle, nous avons tous un rôle à jouer pour agir contre ces discriminations :
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Écouter sans juger.
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Remettre en question nos propres idées reçues.
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Soutenir un proche en difficulté.
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Refuser les moqueries, les étiquettes, les phrases blessantes.
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S’informer, lire, regarder, écouter pour mieux comprendre.
Chaque geste compte, chaque mot peut faire la différence. La discrimination recule quand la compréhension progresse.
Pour une société plus solidaire
Agir contre les discriminations envers les personnes atteintes de troubles mentaux, c’est un devoir de justice, de respect, mais aussi d’intelligence collective. C’est reconnaître que la souffrance psychique ne doit pas être un motif d’exclusion, mais un appel à plus d’humanité.
Dans une société où la parole est libre, où chacun peut être aidé, soutenu et respecté, la santé mentale cesse d’être un tabou. Elle devient un enjeu commun, un espace de solidarité, un chemin partagé.
Brisons les barrières. Changeons les mentalités. Et avançons ensemble, pour que plus personne n’ait à cacher sa souffrance ou sa différence.