La santé mentale des étudiants est devenue un sujet de préoccupation croissante, tant pour les établissements d’enseignement que pour la société en général. Au cœur de cette problématique se trouvent deux maux silencieux mais profondément enracinés : le stress scolaire et la fatigue chronique. Ces deux phénomènes, souvent intriqués, exercent une pression constante sur les jeunes en formation, affectant leur bien-être psychologique, leurs performances académiques et leur qualité de vie globale.
L’univers étudiant, souvent idéalisé comme une période de découverte, d’apprentissage et d’épanouissement, cache une réalité plus complexe. Derrière les bibliothèques pleines, les cours magistraux, les examens à répétition et les travaux de groupe, se dissimule une tension continue. Le stress scolaire est omniprésent : il naît d’attentes élevées, de la peur de l’échec, de la pression à réussir, de la comparaison sociale constante, mais aussi d’une charge de travail parfois démesurée. À cela s’ajoute le poids des choix à faire pour son avenir, des incertitudes économiques et professionnelles, ainsi que des exigences parfois floues ou changeantes du système éducatif.
Ce stress, lorsqu’il devient chronique, s’installe et s’intensifie. Il ne se limite plus à la veille des examens ou aux périodes de remise de projets, mais devient un état permanent, presque normalisé. Cette pression constante fatigue l’organisme, altère la concentration, perturbe le sommeil et entraîne des troubles de l’humeur. Peu à peu, une fatigue chronique s’installe, différente de la simple fatigue passagère. Elle est lourde, persistante, difficile à combattre même avec du repos. Elle affecte la motivation, le sentiment d’efficacité personnelle et finit par engendrer un épuisement émotionnel, souvent associé à ce que l’on appelle le « burn-out étudiant ».
Ce phénomène touche un nombre croissant d’étudiants, qu’ils soient dans les filières sélectives ou non, en première année comme en fin de parcours. Il ne se limite pas aux étudiants en difficulté scolaire : au contraire, ceux qui réussissent le mieux peuvent être ceux qui ressentent la plus forte pression. Ils craignent la chute, l’échec, la perte de contrôle. Cette peur devient parfois paralysante, les poussant à sacrifier leur santé physique, leur vie sociale et leur équilibre psychologique.
Le quotidien étudiant est également marqué par une certaine instabilité : rythmes de vie irréguliers, alimentation déséquilibrée, isolement, précarité financière. Ces facteurs viennent amplifier la vulnérabilité mentale. Loin de leur famille, parfois seuls dans une ville inconnue, de nombreux étudiants se sentent isolés, incompris, et n’osent pas demander de l’aide. Le tabou autour de la santé mentale, bien que progressivement levé, demeure présent. Beaucoup craignent d’être jugés, de paraître faibles, ou simplement ne savent pas vers qui se tourner.
Pourtant, la reconnaissance de ces difficultés est essentielle. Il devient urgent de repenser les dispositifs d’accompagnement, de renforcer les services de santé universitaire, de former les enseignants à détecter les signaux de détresse, et surtout de valoriser une culture du bien-être et de la prévention. Il ne s’agit pas uniquement d’aider les étudiants à « tenir le coup », mais de créer des conditions d’apprentissage plus humaines, plus bienveillantes, plus respectueuses du rythme et des limites de chacun.
Promouvoir la santé mentale des étudiants, c’est aussi leur apprendre à gérer le stress, à reconnaître les signes de surmenage, à cultiver des habitudes de vie saines et à se donner le droit au repos. C’est admettre que l’on ne peut pas apprendre efficacement sous pression constante, et que la réussite ne devrait pas se faire au détriment de la santé.
En somme, le stress scolaire et la fatigue chronique ne sont pas des passages obligés de la vie étudiante. Ils sont les symptômes d’un système qui doit évoluer. Prendre soin de la santé mentale des étudiants, c’est investir dans l’avenir de toute une génération. C’est reconnaître qu’un esprit sain est une condition essentielle à l’épanouissement, à la créativité, et à la construction d’un parcours de vie durable et équilibré.