Une tendance alarmante : les jeunes se tournent vers TikTok pour diagnostiquer leur santé mentale

TikTok, le réseau social de courtes vidéos, connaît un succès fulgurant auprès des adolescents. Initialement conçu pour le divertissement, il est devenu au fil du temps un espace où les jeunes partagent leurs émotions, leurs doutes et parfois même leurs troubles psychologiques. Loin des simples chorégraphies et défis viraux, la plateforme s’est transformée en un lieu d’expression personnelle, où les problématiques liées à la santé mentale occupent une place croissante.

Anxiété, dépression, TDAH, bipolarité, hypersensibilité ou troubles du spectre autistique : autant de sujets abordés dans des vidéos souvent très vues, likées et commentées. À travers ces contenus, de nombreux adolescents découvrent des symptômes qui leur semblent familiers et en viennent à poser eux-mêmes un diagnostic : c’est ce qu’on appelle l’autodiagnostic mental.

L’autodiagnostic mental : une solution de facilité ou un cri d’alerte ?

L’autodiagnostic, c’est le fait de s’attribuer soi-même un trouble ou une pathologie, sans évaluation clinique. Il s’agit d’un phénomène ancien, mais qui prend aujourd’hui une ampleur inédite grâce à TikTok. Les jeunes, confrontés à leurs émotions parfois confuses ou à un mal-être diffus, trouvent dans certaines vidéos des explications rassurantes, voire des réponses toutes faites.

Ce comportement peut être perçu comme une tentative de mieux se comprendre. Il peut aussi refléter un manque d’accès aux professionnels de santé mentale, des délais d’attente trop longs pour consulter, ou un besoin urgent de reconnaissance et d’appartenance. Mais il peut également créer une confusion dangereuse entre émotions passagères et troubles réels nécessitant un traitement.

Pourquoi TikTok attire tant les jeunes en détresse psychologique ?

Plusieurs raisons expliquent pourquoi TikTok est devenu une sorte de “thérapeute numérique” pour les adolescents.

D’abord, le format des vidéos courtes est facilement consommable, attractif, et accessible. En quelques secondes, un créateur peut dresser une liste de “symptômes typiques” d’un trouble psychologique, avec un ton rassurant ou dramatique, et toucher des millions de jeunes. Ceux-ci peuvent facilement s’identifier à ces descriptions souvent générales : manque de concentration, sautes d’humeur, hypersensibilité, fatigue chronique, etc.

Ensuite, TikTok offre un effet de communauté. Beaucoup de jeunes ressentent un soulagement lorsqu’ils découvrent qu’ils ne sont pas seuls à vivre certaines émotions. Le sentiment d’être compris, d’appartenir à un groupe, est fort et valorisant. Les commentaires, souvent bienveillants, renforcent cette impression d’être légitime dans son ressenti.

Enfin, l’algorithme de TikTok accentue ce phénomène. Une fois qu’un utilisateur interagit avec du contenu lié à la santé mentale, l’application lui propose de plus en plus de vidéos similaires. Cela peut rapidement créer un tunnel de contenu centré sur les troubles psychologiques, donnant l’illusion que l’on est forcément concerné par l’un d’entre eux.

Les risques concrets de cette pratique

Si le besoin d’expression et de compréhension est légitime, les dérives de l’autodiagnostic via TikTok peuvent être lourdes de conséquences.

Premièrement, il y a un risque important de confusion entre des comportements normaux à l’adolescence et des symptômes pathologiques. Par exemple, une baisse de motivation temporaire ou une tristesse passagère peuvent être interprétées comme des signes de dépression, ce qui peut amplifier l’angoisse.

Deuxièmement, cela peut mener à une surpathologisation de la vie quotidienne. Le moindre comportement atypique devient suspect. Ce phénomène peut générer un enfermement identitaire : certains jeunes finissent par se définir uniquement à travers un trouble qu’ils pensent avoir, ce qui limite leur développement personnel et leur confiance en eux.

Troisièmement, l’autodiagnostic peut éloigner les jeunes des vraies solutions. Au lieu de consulter un professionnel formé, ils s’appuient uniquement sur des vidéos ou des témoignages. Ils peuvent aussi rejeter l’avis d’un spécialiste si celui-ci ne correspond pas à leur propre diagnostic. Cela retarde la prise en charge adaptée et peut aggraver une situation réelle.

Des témoignages puissants mais pas toujours fiables

De nombreux créateurs de contenu TikTok témoignent de leur parcours avec sincérité. Certains ont réellement été diagnostiqués, ont suivi des thérapies, et veulent désormais aider d’autres personnes. Ces récits sont précieux car ils contribuent à briser les tabous et à déstigmatiser les troubles psychiques.

Cependant, ces témoignages ne sont pas des diagnostics. Ce qui est vrai pour une personne ne l’est pas forcément pour une autre. La santé mentale est complexe, et chaque cas est unique. Lorsque des adolescents prennent ces vidéos pour des repères absolus, ils risquent de passer à côté de la nuance et de la spécificité nécessaires à un véritable diagnostic clinique.

Quelle réponse face à cette tendance ?

Face à ce phénomène, la réponse ne doit pas être la censure mais plutôt l’éducation et l’accompagnement.

Il est essentiel de sensibiliser les jeunes à la fiabilité des sources d’information, à l’importance du regard clinique, et à la complexité des troubles psychologiques. L’éducation aux médias et à la santé mentale devrait être intégrée dans les programmes scolaires dès le collège.

Les parents, les éducateurs et les professionnels doivent aussi être à l’écoute. Il faut prendre au sérieux le mal-être exprimé, même s’il passe par un canal aussi inattendu que TikTok. Cela peut être un signal d’alerte précieux pour entamer une vraie discussion et orienter vers un suivi adapté.

Enfin, il serait utile que les plateformes comme TikTok mettent en place des dispositifs de modération plus stricts pour les contenus liés à la santé mentale, avec des liens vers des ressources fiables ou des mises en garde lorsque certaines vidéos abordent des thèmes médicaux sensibles.

Une réalité complexe qui appelle à la vigilance

Le recours à TikTok pour se diagnostiquer mentalement est le symptôme d’un mal-être profond mais aussi d’un manque de repères. Les jeunes ne cherchent pas à simuler ou à se plaindre : ils cherchent à comprendre ce qu’ils vivent. Malheureusement, ils le font souvent seuls, sans outils adaptés, dans un environnement numérique qui favorise les raccourcis et les interprétations erronées.

Il est urgent d’encadrer ce phénomène, non pas pour le condamner, mais pour en faire une opportunité de dialogue. Car derrière les vidéos et les hashtags, il y a une génération en quête de sens, de soutien et de reconnaissance. Et c’est notre responsabilité collective de lui offrir les moyens de se construire sereinement.

Une tendance alarmante

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