La souffrance écologique : quand la planète va mal, les esprits vacillent

Il fut un temps où l’on parlait du climat en termes techniques, de degrés Celsius, de courbes et de modèles. Aujourd’hui, les chiffres ne suffisent plus à dire ce que nous ressentons. Face à l’intensification des catastrophes naturelles, à la disparition des espèces et à l’effondrement silencieux des écosystèmes, une douleur nouvelle émerge : celle qui ne touche pas le corps, mais l’âme. On l’appelle la souffrance écologique. Une souffrance sourde, profonde, souvent invisible, mais de plus en plus partagée.

Lorsque les glaciers fondent, que les forêts brûlent, que les rivières se tarissent, ce n’est pas seulement l’environnement qui s’altère. Ce sont nos repères symboliques, nos paysages intérieurs, nos liens affectifs à la Terre qui sont bouleversés. Car la nature n’est pas un simple décor de nos vies : elle est mémoire, refuge, berceau. Sa destruction nous touche bien au-delà de la rationalité. Elle provoque une fracture intime, une forme de deuil qu’aucune statistique ne peut réparer.

Cette souffrance, longtemps muette, commence à se nommer. Certains parlent de « solastalgie », ce mal du pays ressenti sans avoir quitté sa terre natale, simplement parce que celle-ci a changé, été abîmée ou perdue. D’autres évoquent l’ »éco-chagrin », ou encore l’ »éco-désespoir ». Ces termes révèlent une vérité essentielle : ce qui se joue dans la crise climatique n’est pas seulement matériel, mais aussi psychique, culturel, existentiel.

Les esprits vacillent quand le monde qui les entoure ne répond plus à leurs attentes les plus fondamentales. Quand le futur semble incertain, voire menaçant. Quand la nature ne protège plus, mais devient une source d’angoisse. Cette instabilité touche particulièrement les enfants et les adolescents, mais pas seulement. Les scientifiques, les agriculteurs, les habitants de zones sinistrées, les activistes, tous ceux qui perçoivent concrètement l’ampleur de la crise, peuvent être submergés par un profond désarroi.

Et pourtant, cette souffrance reste souvent marginalisée. Parce qu’elle est difficile à formuler. Parce qu’elle dérange. Parce qu’elle remet en cause un modèle de société fondé sur la consommation, le progrès infini, la séparation entre l’humain et la nature. Reconnaître la souffrance écologique, c’est reconnaître que quelque chose ne va pas, en nous comme autour de nous. C’est accepter d’ouvrir les yeux sur un effondrement silencieux, mais réel.

Des voix s’élèvent cependant pour ne pas laisser cette douleur sans écho. L’écopsychologie, par exemple, tente de retisser les liens entre santé mentale et santé de la planète. Elle invite à écouter ces émotions — colère, chagrin, peur — non comme des faiblesses, mais comme des signaux légitimes face à une situation anormale. Elle offre des espaces de parole, de reconnexion au vivant, de soutien collectif. Car face à une souffrance globale, la réponse ne peut être que collective.

Il ne s’agit pas d’idéaliser la nature ni de sombrer dans le fatalisme. Il s’agit de reconnaître que notre équilibre intérieur dépend de l’équilibre extérieur. Et que lorsque la planète va mal, il est normal — et même sain — de ne pas aller bien. Accueillir cette vulnérabilité, c’est peut-être le premier pas vers une forme de résilience. Vers un engagement plus lucide, plus humain, plus enraciné.

Dans un monde où l’on nous pousse sans cesse à aller de l’avant, à rester productifs, à ignorer ce qui nous blesse, prendre le temps d’écouter la souffrance écologique est un acte radical. Un acte de soin, pour soi, pour les autres, pour la Terre. Un acte de mémoire aussi, pour ne pas oublier ce qui disparaît. Et un acte d’espoir, peut-être, si cette douleur partagée devient un moteur de transformation.

Nous vous invitons…

Nous vous invitons à prendre rendez-vous avec un de nos psychologues, psychothérapeutes et psychopraticiens afin de faire un premier pas vers le changement que vous désirez. Si vous désirez obtenir de plus amples informations ou si vous avez des questions, n’hésitez pas à nous téléphoner. Vous pouvez prendre un rendez-vous par téléphone ou en envoyant un email au cabinet des Psychologues de Paris 9 (à l’attention du psychologue ou psychothérapeute de votre choix).