Maladie mentale et actes criminels : perception sociale vs réalité clinique ?

La relation entre maladie mentale et actes criminels est un sujet chargé d’émotions, souvent mal compris et largement déformé dans l’opinion publique. Dès qu’un crime est commis par une personne atteinte de troubles psychiatriques, les médias et le grand public tendent à faire un lien automatique entre sa maladie et son comportement violent. Cette perception sociale, nourrie par la peur et les stéréotypes, diffère pourtant nettement de la réalité clinique et scientifique, qui offre un tableau bien plus complexe et nuancé.

Dans l’imaginaire collectif, la maladie mentale est souvent synonyme de dangerosité, d’imprévisibilité et de violence. Cette représentation provient en partie des récits sensationnalistes des médias, qui mettent en lumière les rares cas où une personne psychiquement malade a commis un acte grave, occultant ainsi la majorité des situations où aucune violence n’est présente. Le cinéma, la littérature et les discours populaires ont également renforcé cette image, construisant un stéréotype durable et pesant. Il en résulte une stigmatisation qui marginalise les personnes concernées et les enferme dans un rôle de « menace » sociale.

La réalité clinique, quant à elle, invite à une autre lecture. Les études menées dans le domaine de la psychiatrie et de la criminologie montrent que la grande majorité des personnes souffrant de troubles mentaux ne sont pas violentes et n’ont jamais commis d’actes criminels. Au contraire, elles sont souvent davantage victimes de violences, qu’elles soient physiques, psychologiques ou institutionnelles. Les troubles psychiatriques peuvent, dans certains cas, engendrer des comportements désorganisés ou imprévisibles, mais ils ne sont pas en eux-mêmes une cause suffisante du passage à l’acte criminel.

Lorsqu’un lien entre maladie mentale et violence est observé, il est généralement modéré et conditionné par d’autres facteurs aggravants, tels que la consommation simultanée de substances toxiques, l’isolement social, des antécédents de violence, ou l’absence de suivi médical adéquat. Ces éléments, souvent liés à des déterminants sociaux et économiques, jouent un rôle primordial dans le déclenchement d’actes délictueux. Ainsi, il serait erroné de réduire la violence à la seule présence d’un trouble psychiatrique.

Cette divergence entre perception sociale et réalité clinique a des conséquences concrètes. La peur infondée nourrit la discrimination, empêche l’accès aux soins et favorise l’exclusion. Elle justifie parfois des mesures sécuritaires excessives, au détriment d’approches thérapeutiques adaptées. Les personnes souffrant de troubles mentaux peuvent alors se retrouver enfermées dans un cercle vicieux d’isolement, de souffrance et de marginalisation, qui, paradoxalement, augmente leur vulnérabilité.

Pour dépasser cette dichotomie, il est essentiel d’éduquer la société à la complexité de la santé mentale et à la multifactorialité des comportements humains. La justice, les médias et les institutions de santé doivent collaborer pour offrir une information juste, dépourvue de sensationnalisme, et pour développer des politiques de prévention et d’accompagnement centrées sur l’humain. Ce n’est qu’en déconstruisant les préjugés que l’on pourra améliorer la prise en charge, favoriser l’inclusion sociale, et mieux prévenir les situations de crise.

En résumé, la perception sociale qui assimile maladie mentale et actes criminels est largement déconnectée de la réalité clinique. Cette stigmatisation injustifiée doit être combattue par une meilleure connaissance, une approche nuancée et une solidarité accrue envers les personnes concernées. Seule une telle démarche permettra de bâtir une société plus juste, plus humaine, et plus attentive aux véritables causes des violences.

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